Philosophe français devenu éditeur aux États-Unis, par goût du travail collectif et de la dispersion rhizomatique des idées, Sylvère Lotringer est décédé en novembre 2021 au Mexique où il résidait. Plusieurs versions de cet entretien réalisé par un groupe d’étudiant·es de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, animé par François Aubart et François Piron en 2017, sont passées entre ses mains et nous espérons qu’il conserve la voix, l’humour et la vivacité d’esprit du fondateur de la maison d’édition Semiotext(e).
Semiotext(e) est d’abord une revue fondée au début des années 1970 à l’université de Columbia, qui fait traverser l’Atlantique à la pensée critique française de l’après 68. En s’émancipant de l’Université, la revue se transforme en maison d’édition et s’ouvre aux contre-cultures, aux politiques radicales et, avec le concours de l’écrivaine Chris Kraus, à la poésie et à la fiction de nombreuses autrices américaines.
D’abord sémioticien, Lotringer s’est réinventé en éditeur, intervieweur et cinéaste, homme de l’ombre et agent étranger, américain pour les Français·es et français pour les Américain·es. Il a travaillé à maintenir un esprit critique et une liberté de parole tout au long de sa vie, simultanément à l’intérieur et en marge des milieux académiques et artistiques.